Gallimard
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Le dernier souffle : Accompagner la fin de vie
Claude Grange, Régis Debray
- Gallimard
- Temoins
- 2 Mars 2023
- 9782073021168
«Au Docteur Grange,Le dernier HOMME que j'aurai rencontré dans ma vie.Je suis arrivé dans son hôpital déjà serein, mais peut-être encore troublé. Dès les premiers mots, il a su me rappeler les termes - ou plutôt le terme - de la condition humaine, avec assez de délicatesse pour que je retrouve immédiatement ma joie de vivre, si courte que l'on puisse en fixer l'échéance.Obtenir des malades qu'ils meurent joyeux parce que confiants n'est pas donné à tout le monde. Demandez-lui le secret, il le possède.»Pierre Sanguinetti
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«Voici donc, au jour le jour, trois années de cette vie singulière qui commença pour moi le 17 juin 1940, avec le refus du discours de Pétain puis l'embarquement à Bayonne sur le Léopold II. J'avais 19 ans. Après deux années de formation en Angleterre dans les Forces françaises libres du général de Gaulle, j'ai été parachuté à Montluçon le 25 juillet 1942. Destiné à être le radio de Georges Bidault, je fus choisi par Jean Moulin pour devenir son secrétaire. J'ai travaillé avec lui jusqu'à son arrestation, le 21 juin 1943. Ces années, je les raconte telles que je les ai vécues, dans l'ignorance du lendemain et la solitude de l'exil. J'ai choisi pour cela la forme d'un journal, qui oblige à déplier le temps et à fouiller dans les souvenirs. Les conversations que je relate ont pris spontanément la forme de dialogues. Qu'en penser après tant d'années ? J'ai trop critiqué les souvenirs des autres pour être dupe de mes certitudes : là où finissent les documents, commence le no man's land du passé, aux repères incertains. Mais s'il est dans la nature d'un témoignage d'être limité, il n'en est pas moins incomparable : instantané du passé, il permet de faire revivre les passions disparues. J'ai consacré beaucoup de temps et de soins à traquer la vérité - elle seule donne un sens à une telle entreprise - pour évoquer le parcours du jeune garçon d'extrême droite que j'étais, qui, sous l'étreinte des circonstances, devient un homme de gauche. La vérité est parfois atroce.» Daniel Cordier.
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La victoire en pleurant : Alias Caracalla 1943-1946
Daniel Cordier
- Gallimard
- Temoins
- 3 Juin 2021
- 9782072688775
Édition établie et annotée par Bénédicte Vergez-Chaignon avec la collaboration de Paulin Ismard et Yann Potin
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Ma vie - Souvenirs, rêves et pensées
Carl Gustav Jung
- Gallimard
- Temoins
- 11 Janvier 1967
- 9782070235032
«J'ai donc entrepris aujourd'hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie.» C'est au printemps 1957, quatre ans avant sa mort, que C.G. Jung éprouva le besoin de raconter à sa collaboratrice, Mme Aniela Jaffé, ce qu'il considérait comme l'essentiel de son existence et, rédigeant lui-même les passages les plus importants, la chargea de coordonner le tout. Un des grands fondateurs de la psychanalyse se fait le témoin de lui-même.«Ma vie est l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa propre réalisation.» Souvenirs, rêves et pensées est l'auto-analyse d'un des grands rêveurs de l'humanité qui s'explique en même temps sur l'au-delà, les mythes, les symboles, l'inconscient collectif et, jamais plus clairement qu'ici, sur la religion.
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Amateur d'art : Alias Caracalla 1946-1977
Daniel Cordier
- Gallimard
- Temoins
- 25 Janvier 2024
- 9782073015167
Daniel Cordier a eu plusieurs vies. Alias Caracalla se poursuit donc après la guerre. L'ancien secrétaire de Jean Moulin se tourne vers l'art. Il commence une collection avec des oeuvres de De Staël ou Hartung, puis ouvre des galeries à Paris, New York et Francfort, où il expose Dubuffet, Rauschenberg et la fine fleur des surréalistes. Il voyage aussi et nous fait vivre deux séjours mouvementés dans l'Union soviétique des débuts de la déstalinisation. Sur un dernier coup d'éclat, il ferme sa galerie parisienne et se lance dans deux tours du monde pour écrire une histoire universelle de l'art avec Stéphane Hessel. Mû par un besoin d'engagement et d'action toujours aussi présent, il envisage de reprendre les armes pour défendre la République contre les factieux de l'Algérie française, et mêle expositions provocatrices et militantisme pour l'art contemporain jusqu'à se trouver enrôlé dans la création du Centre Beaubourg. Des pages inédites et illustrées de la vie de Daniel Cordier, fidèle à lui-même : combatif, passionné, sincère et drôle.
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Tôkyô-Bohème : Au fil des rencontres (1970-2024)
Philippe Pons
- Gallimard
- Temoins
- 5 Septembre 2024
- 9782073056511
Philippe Pons est correspondant du Monde au Japon depuis 1976. C'est à partir de son expérience personnelle qu'il fait revivre le Tôkyô des plaisirs et des jours, de l'érotisme et de l'esthétisme. Nous suivons cette visite au fil de l'évocation des angles morts du Tôkyô prospère, d'incursions dans le «sous-bois social» des trappes de la ville où bivouaque une humanité blessée et de quelques figures noctambules. Vagabondages à travers les cinq dernières décennies, en croisant souvenirs, histoire sociale et réflexions rêveuses, l'auteur esquisse un «Tôkyô de l'envers», facette négligée de cette ville comme l'est la doublure d'un vêtement. «Envers» qui n'est pas plus vrai que l'«endroit» mais permet d'entrevoir une société polymorphe avec ses fissures, ses malaises, ses détresses comme son imaginaire et ses petits bonheurs. Une entrée par une porte dérobée dans l'histoire d'un Tôkyô qui échappe au discours sur une «âme japonaise» supposée aussi impénétrable qu'ineffable, sorte d'allégorie de l'altérité saisie dans ce journal de bord non daté, scandé de touches affectives pour les êtres et les lieux auxquels l'auteur est lié depuis un demi-siècle.
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« Je ne suis pas marchand d'art, je suis galeriste » avait coutume de répéter Leo Castelli. Il a régné sur l'art contemporain international pendant plus de quarante ans, au point d'en changer toutes les règles. Après avoir vécu dans de grandes villes d'Europe (Trieste, Vienne, Milan, Budapest, Bucarest et Paris), aux prises avec les convulsions historiques du siècle, ce grand bourgeois dilettante rejoint les États-Unis en 1941, où il ouvre sa propre galerie à New York, en 1957, à l'âge de cinquante ans. Fasciné par les artistes, ses « héros », il découvre les grands Américains des sixties (Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist), et les mouvements esthétiques (le Pop Art, l'art minimal, l'art conceptuel), qu'il insère dans le cours de l'histoire de l'art. Organisée à l'européenne et gérée à l'américaine, la galerie Castelli invente la première forme de globalisation du marché de l'art et devient une institution incontournable.
En quelques années, le galeriste transforme le statut de l'artiste aux États-Unis, assurant à l'art américain, pendant près de quatre décennies, une absolue hégémonie sur la scène internationale. Les consécrations à la Biennale de Venise pour Robert Rauschenberg en 1964, et Jasper Johns en 1988, sont de nouveaux coups de maître pour Castelli, jusqu'à ce que le marché de l'art américain s'emballe dans la fièvre de la montée des prix. Pourtant, derrière la personnalité d'un personnage érudit, affable et médiatique, se cache une histoire beaucoup plus complexe et mystérieuse qu'il ne le laissait paraître.
Grâce à de nombreux entretiens réalisés dans le monde entier et à des documents d'archives inédits, Annie Cohen-Solal, biographe de Sartre et auteur de « Un jour ils auront des peintres », nous transporte d'Italie en Hongrie, en Roumanie, en France et aux États-Unis, pour raconter la passionnante trajectoire du galeriste, découvrant que sa fonction ressemblait étrangement à celle de ses propres ancêtres, et de ces agents qui travaillaient auprès des Médicis, dans la Toscane de la Renaissance.
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Une femme à Berlin ; journal 20 avril-22 juin 1945
Anonyme
- Gallimard
- Temoins
- 9 Novembre 2006
- 9782070771820
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 - les Soviétiques sont aux portes - jusqu'au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1954, et après. À la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi. Sur un ton d'objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c'est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tout âge, des hommes qui se cachent:vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d'abord, sous une occupation brutale ensuite. S'ajoutent alors les viols, la honte, la banalisation de l'effroi. C'est la véracité sans fard et sans phrases qui fait la valeur de ce récit terrible, c'est aussi la lucidité du regard porté sur un Berlin tétanisé par la défaite. Et la plume de l'auteur anonyme rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d'humour qui lui a permis, sans doute, de survivre.
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Des Juifs trahis par leur France : 1939-1944
Annette Becker
- Gallimard
- Temoins
- 29 Février 2024
- 9782073049674
«Otto Freundlich, peintre célèbre, interné comme Allemand par la Troisième République, caché sous Vichy en zone sud, rattrapé, déporté en 1943 à Sobibor. Mon grand-oncle Pierre Ignace, "notable" raflé le 12 décembre 1941, interné à Compiègne, déporté à Auschwitz-Birkenau par le convoi n°1 du 27 mars 1942. Cinquante-quatre Juifs étrangers victimes de la dernière rafle en France, à Reillanne en mai 1944. Un livre triptyque pour dire les dernières années et les derniers jours de ces êtres dans la chasse à mort dont ils ont été les victimes. Histoires et géographies éclatées, vies si différentes, même fin, à l'issue d'arrachements multiples. Vies réapparues en mots d'amour, mots de supplications, derniers mots avant la séparation et la mort, objets intimes. Donner le plus de détails et de traces possible sur le parcours des bourreaux, des complices, des sauveteurs, tel Varian Fry, des amis de toujours, des écrivains comme René Char, des peintres comme Picasso, tant d'autres. Avec ma voix d'historienne des souffrances et des cultures du désastre et un "je" d'héritière de la Catastrophe qui a atteint ma famille.»
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Héros, traître, meurtrier, hérétique, martyr, fou, noble sauvage, agent de l'impérialisme yankee, défenseur des droits des Métis et des Indiens, père de la province du Manitoba et même l'un des fondateurs de la Confédération canadienne. Louis Riel était un chef du peuple métis - groupe ethnique d'origine autochtone et européenne - qui a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien. Le premier (1869-1870) aboutit à la création de la province du Manitoba dans l'Ouest canadien et le second (1885) mène à un affrontement militaire, seule guerre ayant eu lieu jusqu'à ce jour sur le sol canadien. Ce confl it, encouragé par sir John Macdonald, Premier ministre du Canada, en plus de coûter la vie à Louis Riel, valut aux Indiens leur enfermement - aux conséquences encore aujourd'hui tragiques - dans des réserves pendant plus de soixante ans. Aucun autre personnage de l'histoire canadienne n'a suscité autant d'écrits que Louis Riel. Fruit de cinquante années de recherches, l'ouvrage de Jean Meyer consacre la vie de cet homme que J. M. G. Le Clézio nomme «le visionnaire» dans sa préface, celui qui voulait faire du Canada un espace de communion pour les nations.
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Le peuple du blues ; la musique noire dans l'Amérique blanche
LeRoi Jones
- Gallimard
- Temoins
- 23 Février 1968
- 9782070271108
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Voir ; les enseignements d'un sorcier yaqui
Carlos Castañeda
- Gallimard
- Temoins
- 15 Février 1973
- 9782070283996
Un jeune ethnologue de l'Université de Californie décide de consacrer sa thèse aux plantes hallucinogènes du Mexique. Il rencontre un vieux sorcier yaqui. C'est le début d'une longue initiation destinée à faire de l'apprenti un «homme de connaissance». Tournant résolumment le dos à toutes les modes douteuses d'initiation ésotérique, cette extraordinaire expérience est le récit d'un dur combat pour désapprendre quelques millénaires de «sagesse» occidentale.
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Padre padrone - l'education d'un berger sarde
Gavino Ledda
- Gallimard
- Temoins
- 2 Septembre 1977
- 9782070296019
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Depuis le jour où l'étudiant en ethnologie Castaneda a rencontré pour la première fois le maître Juan Matus, le chemin parcouru a été très long à la fois dans l'espace, dans le temps et par-delà l'espace et le temps. De ce voyage vers la tierce attention, nous ne possédions jusqu'ici que des jalons épars - les ouvrages où Castaneda retraçait les expériences vécues par le disciple, telles que celui-ci les avait ressenties dans l'instant. Avec Le don de l'Aigle, l'apprenti passé maître a enfin la possibilité de prendre un certain recul par rapport au vécu et de jeter sur l'ensemble de son cheminement un regard qui intègre contradictions apparentes et incertitudes. Don Juan n'apparaît plus soudain comme un maître exceptionnel isolé mais comme le maillon d'une longue chaîne, un Nagual parmi d'autres Naguals, choisi par son benefactor pour constituer un clan de guerriers, réceptacle d'une tradition ancienne, et chargé de transmettre à un autre Nagual la règle qui est une carte - le don de l'Aigle.
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Anna-Eva Bergman : vies lumineuses
Thomas Schlesser
- Gallimard
- Temoins De L'art
- 10 Novembre 2022
- 9782072986208
Elle a longtemps échappé aux radars de l'histoire de l'art. On découvre aujourd'hui avec Anna-Eva Bergman (1909-1987) une peintre d'importance majeure qui a investi dans son oeuvre une ambition sacrée, presque mystique. Sa vie, racontée pour la première fois grâce à une enquête au coeur de ses archives, est hors norme:une enfance norvégienne sous le signe de la peur; une jeunesse bohème et aventureuse à travers l'Europe; une carrière d'illustratrice; des démêlés avec l'Allemagne nazie; une lutte acharnée avec une santé défaillante; trois mariages, dont deux avec le même homme - Hans Hartung - à vingt-huit ans de distance; une fin tragique dans la splendeur de sa villa d'Antibes.Mais, surtout, Anna-Eva Bergman, c'est une vie dédiée à la création, loin des modes. Elle est aujourd'hui l'objet d'un engouement spectaculaire et sa cote s'envole. Il n'en a pas toujours été ainsi. Insuffisamment reconnue dans son pays d'origine, défendue par quelques rares alliés en France et en Europe, elle fera une très honorable carrière, certes, mais en sourdine, souvent dans l'ombre. Elle a beau croiser la route de Kandinsky, Soulages ou Rothko, elle demeure marginale. Caractérisés par l'emploi de feuilles d'or et d'argent et le rythme de la ligne, ses tableaux sont des évocations hiératiques et simplifiées, radicales, des grandes forces structurantes de l'univers - les éléments, les minéraux, le temps ... Elle a laissé une quantité considérable de documents (la plupart en norvégien) qui permettent de comprendre enfin cette femme, dans la complexité de son être, le drame de son existence et la magnificence de son oeuvre.
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Sur une place publique de la ville de Mexico, un homme agonise sous les yeux de Castaneda et de don Juan ; sur une autre place, le présage attendu par le disciple se présente sous les traits d'une belle jeune femme, à la tombée de la nuit. Parcs urbains encombrés de passants et de badauds, marché, restaurant, compagnie d'aviation, tels sont les cadres choisis par le «maître», habillé en citadin, pour libérer progressivement son disciple des contraintes de la raison et pour lui faire assumer pleinement sa condition de «guerrier». Confronté à des expériences inexplicables mais convaincantes, Castaneda franchit les étapes qui séparent le «guerrier» de «l'homme de connaissance». À la fin du récit, quand don Juan dévoile l'explication des sorciers, en analysant les principales expériences que l'auteur avait vécues dans les précédents ouvrages, l'apprenti deviendra sorcier lui-même, dans un dénouement terrifiant et surprenant. Castaneda déploie les ailes de sa perception et franchit les portes de l'inconnu, pour lequel il n'y a plus d'explication. Car malgré tous les éclaircissements, les actions merveilleuses des sorciers ne seront pour le lecteur que des histoires, des «histoires de pouvoir».
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Contre tout espoir ; souvenirs Tome 3
Nadejda Mandelstam
- Gallimard
- Temoins
- 15 Octobre 1975
- 9782070291922
À côté des noms de Soljenitsyne et de Pasternak, celui de Mandelstam est de ceux qui évoquent la résistance de l'esprit contre le terrorisme stalinien. C'est l'air de la liberté qu'on respire dans ce livre étouffant dont le manuscrit, rédigé sans doute en 1964, est parvenu clandestinement aux États-Unis sous le simple titre de «Souvenirs». Les souvenirs commencent en 1934, lors de la première arrestation d'Ossip Mandelstam, et évoquent ses trois années d'exil à Voronej. Ils s'achèvent avec la mort du poète, dans un wagon de déportation en Sibérie, un jour incertain de 1938. Mais, à l'intérieur de ce cadre, Nadejda Mandelstam, sans jamais parler d'elle-même, évoque de la façon la plus vivante toute une génération intellectuelle et politique, de Boukharine à Akhmatova, de Pasternak à Chklovski , et sa rapide réduction au silence dans les années 1920-1930. À ce titre, cet ouvrage ne constitue pas seulement le commentaire le plus autorisé sur les années les plus dramatiques et les plus fécondes de celui qui est unanimement considéré comme le plus grand poète russe du XXe siècle, mais aussi un témoignage exceptionnel sur l'asphyxie de la culture russe qui a accompagné la prise de pouvoir par Staline.
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Une éducation algerienne ; de la révolution à la décennie noire
Wassyla Tamzali
- Gallimard
- Temoins
- 6 Septembre 2007
- 9782070782130
Issue d'une célèbre famille de notables algériens, qui tiendra une place importante dans la guerre de libération, Wassyla Tamzali est née dans une grande ferme coloniale au bord de la mer. Sa jeunesse ne lui a laissé que des souvenirs de bonheur et d'odeurs d'orangers. Un drame va tout changer : en 1957, son père est assassiné par une jeune recrue du FLN. Malgré cette forfaiture puis la nationalisation des propriétés familiales, la jeune femme s'enthousiasme pour la construction de l'Algérie nouvelle, dont elle épouse toutes les utopies, avant que ne tombent les illusions, dans les années du terrorisme islamique.
Ce récit passionné nous introduit dans l'intimité d'un milieu méconnu, qui avait fait le double pari de l'indépendance et du maintien de l'héritage chèrement acquis de la colonisation. Wassyla Tamzali conclut le livre par un constat plein de tristesse, mais dénué d'amertume : en Algérie, le retour des tribus et la haine du cosmopolitisme qui l'accompagne ont sonné le glas de ces espérances. Le dernier acte de la décolonisation sera tragique et douloureux, et d'abord pour les gens de son espèce.
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«Lorsque chacun de nous naît, il apporte avec lui un petit anneau de pouvoir», disait don Juan dans Le voyage à Ixtlan. «Par ailleurs, un homme de connaissance développe un autre anneau de pouvoir, que je nommerai l'anneau de ne-pas-faire parce qu'il est accroché au ne-pas-faire. Par conséquent, avec cet anneau, il peut produire un autre monde.» C'est dans cet autre monde que nous conduit maintenant Carlos, l'apprenti abandonné à lui-même après le départ définitif de son maître don Juan et de son benefactor don Genaro. Carlos le guerrier va livrer son premier combat de sorcier en pleine possession de ses moyens. Mais qui affronte-t-il ? Dona Soledad, la sorcière pareille à lui mais dont le regard a été tourné dans une autre direction ? Les trois hermanitas, disciples de don Juan comme lui ? L'extraordinaire Gorda, guerrière impeccable, déjà dépourvue de sa forme humaine ? Ou bien les quatre alliés, ces mystérieuses entités que jusque-là don Juan et don Genaro détenaient dans leurs gourdes invisibles ? Tout cela n'est-il qu'une vaste épreuve initiatique préparée par don Juan lui-même et dont il n'y aurait pour Carlos que deux issues possibles : la victoire ou la mort ? Ou bien s'agit-il d'un gigantesque combat livré à l'intérieur du moi par les diverses tendances contradictoires de l'être, dont la conjonction finale constituerait l'unité de la personne ? Cette nouvelle étape du voyage vers l'impeccabilité constitue, dans le Cycle de don Juan, une mutation capitale. Jamais Castaneda n'était allé aussi loin.
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Strip-tease : tout sur ma vie, tout sur mon art
Orlan
- Gallimard
- Temoins De L'art
- 3 Juin 2021
- 9782072941351
ORLAN est une artiste française féministe reconnue dans le monde entier. Photographie, vidéo, sculpture, performance : ses oeuvres embrassent de multiples disciplines et questionnent le corps, l'hybridation, IJDN, les biotechnologies, l'intelligence artificielle, la robotique.ORLAN a pratiqué très tôt la performance, dans la rue, dès 1964, à l'âge de dix-sept ans, et son Baiser de l'artiste l'a rendue célèbre en 1977. À partir de 1990, elle entreprend de remettre en question les critères de beauté imposés par la société dans une série d'«opérations chirurgicales-performances» qui l'ont fait connaître du grand public et dont certaines ont été diffusées en direct par satellite à New York, Toronto et au Centre Pompidou à Paris.ORLAN écrit chaque nuit depuis l'adolescence et nous la découvrons écrivaine dans cette autobiographie où elle dit tout sur son parcours personnel, depuis sa naissance à Saint-Étienne dans un milieu ouvrier, ses amours, ses déboires, ses traumatismes et sa vie d'artiste sur la scène française et internationale dont elle a côtoyé les figures les plus importantes.Cette étonnante confession révèle la vie d'une femme engagée et exceptionnelle, qui ne ressemble à personne - une des artistes les plus importantes de notre époque.
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Sonya Orfalian, réfugiée d'Arménie en Libye puis à Rome, s'est donné pour mission de recueillir, tout au long du siècle, les souvenirs des rescapés des massacres de masse des années 1915-1922, qu'ils ont vécus eux-mêmes quand ils étaient enfants.
Ces « voix brisées », dit-elle, aucun micro, aucune caméra ne les a jamais données à entendre ou à voir. Des voix d'une autre époque, fragmentées, qui relatent chacune à leur manière des violences inouïes, des fuites rocambolesques, des survies miraculeuses.
Un livre poignant et nécessaire.
Ces témoignages sont encadrés par la présentation de Gérard Chaliand, la mise en contexte historique d'Yves Ternon et le parallèle avec la Shoah de Joël Kotek.
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Bernar Venet : toute une vie pour l'art
Catherine Francblin
- Gallimard
- Temoins De L'art
- 14 Avril 2022
- 9782072821578
Bernar Venet est un artiste français célèbre dans le monde entier, en particulier pour ses gigantesques sculptures d'acier dressées dans l'espace public. Né en 1941 dans une famille modeste des Alpes-de-Haute-Provence, très tôt passionné par l'art, il se hisse brillamment au sommet de son métier - d'abord à Nice où il se lie d'amitié avec Arman, puis à New York où il s'installe en 1966 et où il sera l'un des inventeurs de l'art conceptuel.
Catherine Francblin a eu accès aux archives conservées à la Fondation Venet dans le Var et aux innombrables lettres que l'artiste a adressées à sa mère, dans lesquelles il décrit les développements de sa carrière, ses rencontres avec des figures majeures, de Marcel Duchamp à Andy Warhol et Christo. S'appuyant également sur ses entretiens avec lui, l'autrice éclaire et explique les différents tournants dans l'art et la vie d'un homme qui, porté par l'ambition de se surpasser, se réinvente sans cesse.
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Cet ouvrage reprend la plupart des entretiens que Philippe Dagen a menés avec des artistes d'aujourd'hui pour Le Monde. Comme explique l'auteur, être critique d'art du principal quotidien français lui a permis de rencontrer plus aisément de nombreux artistes en France, aux États- Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Espagne. Philippe Dagen les a choisis « hors de toute considération d'actualité immédiate », mais en cherchant à aller voir dans toutes les générations et toutes les directions. C'est donc sa curiosité d'historien et de critique qui donne le ton de cet itinéraire au fil duquel apparaissent plus de soixante interlocuteurs. Certains ont disparu depuis lors, comme Bacon, Balthus, Louise Bourgeois ou Lichtenstein, mais la plupart sont vivants - et pour beaucoup très largement reconnus, de Christian Boltanski à Yoko Ono, d'Annette Messager à Gerhard Richter, de David Hockney à Bettina Rheims. Ne manquent à l'appel aucune des « stars » de l'époque, Jeff Koons, Maurizio Cattelan ou Ai Weiwei. Mais des créatrices et créateurs plus jeunes, moins connus - et tout aussi intéressants que les plus célèbres - sont là aussi.
Philippe Dagen les a, chaque fois que cela a été possible, rencontrés chez eux, dans leur atelier, qu'il décrit tout en rapportant leurs conversations, souvent impromptues. Ils parlent d'eux, de leurs trajectoires, de l'actualité, de leur art - et de l'art en général. L'auteur, qui est parvenu à faire parler des artistes parfois réticents, a réuni ainsi une galerie de portraits qui est aussi un paysage instantané de l'art contemporain La réunion de ces entretiens est un document passionnant sur ce monde peu accessible.