Classique de l'érotisme et chef-d'oeuvre de l'auteur qui s'est inspiré de sa liaison avec une grande dame de l'empire austro-hongrois pour l'écrire, "La Vénus à la fourrure" a longtemps été objet de scandale avent de devenir livre culte. Premier grand texte de la littérature occidentale s'attachant à décrire une relation amoureuse sado-masochiste, il s'inscrit dans un vaste cycle de romans autobiographiques: "Le Legs de Caïn". Trés théâtral et très élaboré sur le plan esthétique, multipliant les mises en scène et les jeux de rôles et de miroirs, le roman repose sur un effet de mise en abîme. Dans le prologue, le narrateur rêve d'une Vénus éprise de volupté cruelle avant de rendre visite à son ami Séverin chez qui il découvre le portrait d'une Vénus en fourrure. Séverin lui confie alors le manuscrit de sa confession où il relate une expérience amoureuse avec une femme dominatrice nommée Wanda von Dunajew. Un contrat signé avec cette femme l'engage à être son esclave soumis. Le rituel érotique commande que Wanda doit toujours être vêtue d'une fourrure lorsqu'elle le flagelle. La vie et l'oeuvre de Sacher-Masoch sont intimement liées. Une grande partie de son oeuvre a généralement pour héroïnes des femmes dominatrices, cruelles ou despotiques exhibant leur pouvoir à travers une panoplie de fourrures, de fouets et de bottes. Le pessimisme profond de ses récits donnera naissance au terme de «masochisme» utilisé par Krafft-Ebing et Freud pour qualifier cette forme de sexualité.
Les deux recueils "Au rendez-vous allemand" et "Poésie et vérité 1942", publiés clandestinement pendant la Seconde Guerre mondiale, rassemblent les poèmes qui ont été directement inspirés à Paul Eluard par les luttes de la Résistance française. Le sens de "Poésie et vérité 1942", qui s'ouvre sur le superbe et provocant "Liberté", ne peut guère laisser de doute sur le but poursuivi: retrouver sa liberté d'expression pour mieux nuire à l'occupant nazi. «Mais fallait bien que la poésie prît le maquis», écrit-il. Paul Éluard fut le grand poète de la Résistance. Ses poèmes de combat, simples, directs, bouleversants, sont certainement les plus célèbres de son oeuvre et ceux qui firent le plus pour sa gloire. Selon Claude Roy, «De 1940 à 1944, des millions d'hommes et de femmes ont été véritablement amoureux de la liberté. Ils ont lu et compris "Liberté" comme on lit et comprend une déclaration d'amour». Une bibliographie et une biographie de Paul Eluard complètent cette édition.
Premier recueil des aventures d'Arsène Lupin, "Arsène Lupin, gentleman cambrioleur" est composé de neuf nouvelles publiées dans le mensuel "Je sais tout" entre 1905 et 1907. La première, "L'Arrestation d'Arsène Lupin", est peut-être la plus belle réussite de Maurice Leblanc, non seulement parce qu'elle impose en quelques lignes la silhouette de celui qui deviendra le plus célèbre des aventuriers de la Belle Époque - bandit dilettante, aristocrate du crime, anarchiste mondain, séducteur irrésistible, dandy nihiliste -, mais surtout pour sa maîtrise narrative: au terme d'un brûlant exercice en énonciation, et bien avant "Le Meurtre de Roger Ackroyd" d'Agatha Christie, c'est la grammaire qui donne la solution de l'intrigue policière. Mais toutes les autres nouvelles, de "Arsène Lupin en prison" à "Herlock Sholmes arrive trop tard" en passant par "L'évasion d'Arsène Lupin", "Le mystérieux voyageur", "Le Collier de la Reine", "Le Sept de coeur", "Le coffre-fort de madame Imbert" et "La perle noire" font preuve d'une même virtuosité stylistique. Aux multiples déguisements du gentleman maître en trucages et mystifications, répondent les astuces d'un auteur habile à prendre au piège son lecteur.
Paolo Uccello (peintre), Lucrèce (poète), Empédocle (dieu supposé), Septima (incantatrice), Pétrone (romancier), Pocahontas (princesse), Sufrah (géomancien), Le Capitaine Kid (pirate), Cratès (cynique), Burke et Hare (assassins), Gabriel Spenser (acteur), et bien d'autres personnages, célèbres par leur légende ou illustres inconnus en marge de l'Histoire, composent cette savoureuse galerie de portraits de Marcel Schwob. Véritable création borgésienne avant la lettre, les quelque vingt-deux biographies fictionnelles de "Vies imaginaires" mêlent l'érudition à la fiction pour composer un artifice esthétique achevé qui rivalise avec le réel. Pour l'auteur du "Livre de Monelle", qui livre ici son autoportrait intellectuel, le biographe n'a pas à se préoccuper d'être vrai: il doit créer dans un magma de traits humains et sortir de ce chaos une personnalité unique et singulière.
Philosophe, entomologiste, écrivain récompensé par le Prix Nobel de Littérature, Maurice Maeterlinck a développé tout au long de son oeuvre une importante réflexion sur la condition humaine, explorant toutes les formes et toutes les métamorphoses de la vie et de la mort. Dans ce brillant essai de pure pensée métaphysique, publié bien avant l'actuel débat sur l'euthanasie et la fin de vie, il nous invite à regarder la mort telle qu'elle est en soi, c'est-à-dire «dépouillée des terreurs de l'imagination», et s'interroge sur le passage des corps, des esprits et des âmes vers l'inconnu de l'au-delà. L'auteur de "La Vie des abeilles" passe au scalpel de la raison diverses hypothèses religieuses (christianisme, hindouisme,...), théosophiques et néo-spirites (survivance de la conscience, réincarnation, communication avec les morts, etc), réfutant le pari sur Dieu de Blaise Pascal, et méditant sur divers aspects de l'Absolu, de l'Éternité et de l'Infini. Nettement contraire à la dogmatique catholique, cet essai lui valut la mise à l'index par l'Église de l'ensemble de son oeuvre.