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La Cardere
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« j'hésite, je tremble, [...] il me prend des envies de quitter l'ombre pour le soleil, malgré le danger d'une autre brûlure, si vive soit-elle, même au péril de tout, je ne me reconnais plus, où est ma stabilité, mon alliage, à la moindre lueur c'est l'éruption, je ne me savais pas les fondations si faibles, si désorbitées, je ne savais pas la précarité de mon coeur affaibli, je respire difficilement, l'air n'a plus la même odeur, tout est si différent soudainement, le ciel est un gouffre sans fond, » À travers le stroboscope de l'émotion, s'exprime la conscience affective d'une femme dans son quotidien choisi, irisé par la lumière du passé et des perspectives nouvelles. Des poèmes en prose au souffle haché, haletant, où la lente modification de tous les équilibres psychiques y est voulue jusque dans la microstructure (absence de point ou de majuscule).
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Le premier recueil de poésie de Raphaël Mérindol, Souvenirs et soupirs, paru en 1997 (impr. A. Robert), révèle une inspiration classique que l'on retrouve dans L'encens des jours publié en 2005 (Cardère éditeur). Recherchant dans le poème la précision et la concision, comme l'élégance et la musicalité, Raphaël Mérindol se dirige tout naturellement vers le haïku, qui exalte en la condensant une mélancolie ancrée dans l'instant.
Ce recueil est le dernier d'un tryptique qui pourrait conduire l'auteur vers d'autres horizons littéraires...
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On pourrait évidemment s'interroger sur la validité du mode pour ces quatre textes courts : la nouvelle. On se tromperait de chemin. Ce sont, comme la poésie qui suit, des « ruisseaux tranquilles ». Les tranches de temps de nos vies sont là pour être éventuellement écrites, tout comme les images en poésie, avec ferveur, passion, justesse, euphorie, mesure..., au grand bonheur de celles et ceux qui vont lire. Les quarante poèmes sont ponctués d'images justes, parfois presque idéales ; ils sont écrits avec une musicalité et un rythme d'inspiration classique, calme, sans hoquets. Une poésie lisse, sans accrocs, qui recherche la concision et la précision. On n'est pas très loin d'une inspiration japonaise. Douze poèmes, choisis par l'auteur, sont illustrés avec les oeuvres originales de quatre peintres reconnus (Pierre Cayol, Christian Jauréguy, Noëlle Nicolau-B. et Jean-Pierre Péransin).
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J'ai mordu, bafouillé comme d'autres se lovent et jouissent. J'ai camouflé ma soif dans une cargaison de vertige. Trouvé dans le caniveau, une pépite lustrale.
Sur les crêtes frontalières, j'ai fait récolte de courbes sereines. Amulettes fertiles. Clarté rayonnante. Trouvé le noyau de la féminité caché dans les arbres.
Des cavales et des transes, j'ai gardé l'authentique insolence de la pulpe. Ce tremblement des nuques, embuscade hypnotique. Méandre où se coule la joie inconditionnelle.
Dans ma soif, j'ai la vision d'un oiseau ensorceleur posé sur la branche haute d'un cèdre.
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Si je dessinais un mur, Je lui ferais un pied en colimaçon, Deux oreilles fines et des yeux bleus, Puis un grand sourire, Une toison d'archange...
Il serait beau comme une murette, On y verrait des papillons mauves Butiner des lézards frileux Plus bronzés que des nymphettes,...
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C'est un ciel de braise à perte de vue - au-dessus d'une mer sombre, agitée - l'écume - des vagues - l'aube - c'est une foule anonyme pressée sur la colline, leurs pieds nus dans le sable - leurs sillons irréguliers - grain sombre, précieux - les nuages - ensemble - une tempête s'annonce - orchestration sauvage
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La vie et la mort se mêlent, nouent d'inextricables liens au plus profond de nos consciences et nous interrogent sur notre rapport au temps. Subjugués par les possibles qu'offrent aujourd'hui les découvertes scientifiques, les technologies nouvelles et absorbés par une consommation effrénée qui célèbre avec enthousiasme la possession et la jouissance égoïstes, nous nous leurrons sans doute sur le sens et la place de l'homme sur la terre. S'approprier sans partage les richesses, se projeter en futur maître de l'univers, et découvrir en soi un vide immense que des anges se mettent à squatter. Qui sont-ils ces anges ? Eux qui prennent couleur d'homme, eux qui bravent le temps et l'espace, eux qui se coulent dans les gestes et les attitudes surgies de l'inconscient collectif ? Ils viennent en messagers d'une autre réalité, qui se glisse en nous et s'éveille dans le Désir. Témoins, imposteurs et hérauts d'une autre conception du monde et de la vie, les anges se manifestent à leur manière, accompagnent, suggèrent, introduisent l'éclair lucide de l'interrogation et ouvrent inéluctablement la conscience. Alors que les astronomes révèlent un univers en expansion, à géométrie variable, qui n'a plus rien d'une entité stable et définitive, les anges, issus des étoiles mères des atomes, viennent signifier inlassablement le lien entre les hommes - eux-mêmes atomes d'étoiles -, le monde et la nature dont ils sont un élément. Ces trois poèmes errent dans la ville avec les anges et les hommes, ils surgissent de la mer avec les dieux de la mythologie et trouvent leur souffle dans la beauté ascensionnelle des arbres du Chili.Trois espaces temps, trois modes de vie et un murmure à l'oreille : « pour apprendre métier d'homme, laisse parler le coeur sans oublier ta consanguinité avec les étoiles. »
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Que s'est-il passé ce samedi 30 mars 2002 ? j'en sais foutre rien. Je suis entré dans le sous-marin décidé malin narquois et seul comme un lendemain de fête ; une anguille qui serait restée trop longtemps dans l'herbe et se souvient qu'elle est poisson et non serpent. C'est le moment de plonger tout est prêt là ; éparpillés les grains de poussière brillent dans le noir dans le gris, il n'y a plus qu'à les ramasser les trier les nettoyer ils dorment depuis si longtemps. Avant ce n'était pas le moment les tiroirs refusaient de s'ouvrir les mots faisaient la grimace. Demain il sera trop tard c'est maintenant oui c'est maintenant que les mots chantent ; les anciens et les récents les verts et les bleus les fluides et les tordus les fluets et les grenus. J'ai pris le temps de suivre les courbes oubliées et celles qui ne sont pas encore parfaites ; j'ai pris ce temps fébrilement j'ai disparu aux yeux du présent. Trois jours deux nuits et le premier avril l'encrier de vinyle est cristallisé mais pas encore nommé, un poisson mutant lové sur une pierre une anguille oui L'encrier de vinyle rassemble poèmes et dessins composés pendant une trentaine d'années.
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Les Chroniques d'un Paratonnerre rassemblent six textes que l'on peut qualifier d'errances poétiques. Ils sont rédigés sur la base d'une transcription d'enregistrements réalisés au dictaphone lors de nombreux déplacements en voiture ou à pied pour l'une d'elles (marche à Compostelle), et traduisent une véritable "hémorragie d'images". Chacun de ces textes, qui entrelacent poésie, humour et pirouettes hyper-réalistes, repose (plus gravement) sur un thème particulier qu'on distingue dans un filigrane dénué de plainte ou de conseil (l'auteur accepte son propre centre de gravité...) : l'homme dans sa verticalité portant un regard empreint d'émotion sur le monde qui l'entoure ; le désespoir ; le paradoxe des sentiments et des "choses de la vie" ; la guerre, toujours renouvelée...
Les textes sont illustrés par l'auteur, par une vingtaine de dessins à la mine de plomb.
Le livre paraît pendant le Printemps des Poètes 2004, et fait l'objet d'une "mise en espace" par l'association Spect'acteur d'Avignon (mise en scène Élie Briceno, comédienne Isabel B.).
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" Tel le fruit qui s'ouvre en corolle, révélant ses sucs et ses transparences, Mandarine offre les mots charnus, charnels, des poèmes de Bruno Msika. Mots triturés et malaxés par jeu fervent - qui s'aimantibulent à frôler le surréalisme -, où l'amour, le secret blanc de nuit, sous sa robe glisse ses errances effilochées, où passe un homme-chien à la voix tonnertifiante comme une grotte, tandis que les chats - bien sûr - saisissent les vers au vol avant de... s'envoler vers un cosmos ici pluriel. Couler dans l'oubli des mondes... Mais non sans avoir révélé de saisissants regards dans des collages tels ces Découpages glacés sur météorite, appuyé de dessins et de gouaches l'admirable absurdité qu'est l'existence, sauvée peut-être par les larmes qui sont dons d'or jaillissant. Très exactement comme chacune de ces pages. " Laurence Michel (Pourtours magazine)
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« ... elle avait peut-être la sensation de vivre plusieurs vies sous la même identité, de retrouver ainsi le sentiment intime d'universalité : la diversité de l'être humain comme révélateur de la personnalité de chacun. Paradoxe de l'individualité. Richesse du vivant. Complexité de la pensée. » Ces huit portraits de femmes, rencontrées par l'auteur, puis passés au filtre de l'imaginaire et de l'interprétation, mettent en exergue la sempiternelle recherche de l'être humain : la connaissance de soi comme aboutissement d'une vie accomplie sans vanité. L'écriture est fine, posée, précise comme les mouvements d'un pinceau. En surface, ni parti pris, ni jugement, juste l'être, dans son action, dépêtré ou empêtré. En profondeur, une douce virtualité qui s'enchevêtre aux mots. La poésie affleure. Entre deux eaux, un travail de couture, de tissage, méticuleux et souriant.
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Petits poèmes diversement appréciables mais néanmoins écrits avec grande attention...
Olivier Bastide
- La Cardere
- 15 Mai 2014
- 9782914053778
L'originalité de cet ouvrage tient à deux aspects liés :
* les 40 petits textes qui le composent ont été écrits chacun en correspondance étroite avec 40 pièces d'Erik Satie (36 différentes) ;
* il nous est ainsi apparu incontournable d'adjoindre à l'ouvrage un CD de musique. 9 poèmes ont été sélectionnés, ainsi que les 9 pièces pour piano d'Erik Satie correspondantes, qui ont été travaillées par une pianiste, puis enregistrées en juillet 2013, avec les textes lus. Cette « matière sonore » est travaillée par un compositeur contemporain afin d'être enregistrée sur CD.
Textes : Olivier Bastide, Orange (84) - Piano : Françoise Dragon, Aix-en-Provence (13) - Voix : Olivier Bastide et Bruno Msika, Lirac (30) - Prise de son, mixage et masterisation : Julien Couturier, Mémoire d'Ondes Roquemaure (30) - Composition musicale : Thierry Goulois, Bretagne Petits poèmes... est une suite de 40 courts textes poétiques (entre 200 et 450 caractères) de forme dadaïste (comme l'était Erik Satie), en prose. Chacun de ces textes possède un titre et une référence à une pièce d'Erik Satie correspondante. Il s'articule en deux parties : Petits poèmes... lui-même, qui comprend 25 textes, et Suite aux petits poèmes... qui regroupe 15 textes supplémentaires.
Chaque morceau de piano génère une image, une courte scène, une impression, une question, un souvenir, une plaisanterie, etc., ainsi que cela arrive à chacun de nous, et imprime au texte que l'auteur s'est attaché à transcrire, une atmosphère, un rythme, des sons, une musique... particuliers ; on pourrait presque y reconnaître le morceau « traduit ».
On est dans le ton de l'atmosphère satienne : les textes sont espiègles mais plutôt soignés, coquets, presque précieux, à l'image d'un humour très contenu ; chaque mot semble avoir été longuement pesé avant d'être posé, l'esthétique est de rigueur. Outre les impressions et images du passé, certains textes donnent jour à des interrogations, des questions qui mettent en alerte, des projections qui fleurent bon la liberté imaginative, mais aussi de l'introspection, un regard sur soi, grave ou amusé, qui ne laisse que très rarement transpirer l'inquiétude.
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L'homme au pliant de toile est un conte poétique en 22 chapitres (plus un prologue et un épilogue), qui se déroule dans la vallée de l'Indre, plus précisément à Villaines-les-Rochers. Le départ (prologue) ressemble à un conte africain où la nature est omniprésente, sauf qu'on est en Touraine. On est tantôt dans un récit (narrateur), tantôt dans la forme reportage (« sur les traces de... »), et le narrateur recueille alors des témoignages de personnages, tantôt dans du vécu (l'homme est là, bien vivant). On reconstitue ainsi comme un puzzle la vie d'un homme étrange, dans ses habitudes, son amour Lætitia, son penchant pour le théâtre... L'univers est toujours poétique, mais on a parfois des « leçons de choses » (le cycle de vie des hannetons, la scène agricole de battage), et des prétextes à évoquer des thèmes actuels (les Roms, les femmes battues, l'utilité de l'art...) ; quelques moments érotiques très poétiques viennent pimenter le conte.
On se demande parfois si les personnages principaux qui accompagnent l'homme au pliant de toile ne font pas partie de son théâtre intérieur : le Passant, l'Instituteur, le Souffleur (gardien d'immeuble), Lætitia... Il y a comme un conte à l'intérieur du conte.
L'homme au pliant de toile a cette capacité de pouvoir nous maintenir « juste en-dessous de la ligne » (celle qui sépare le concret de l'abstrait, le rêve de la réalité), de telle sorte qu'on est dans une vraie réalité, qu'on parle de lieux précis, connus, repérables (la Touraine), tout en baignant dans une atmosphère quasi surréaliste. L'ambiance qui se crée est extrêmement agréable, c'est celle de la poésie abstraite que nous aspirons à publier.
On notera la précision des mots, la connaissance que l'auteur possède des « choses de la nature » (règnes animal et végétal), et l'élégance avec laquelle il utilise cette connaissance, nous faisant passer alternativement au-dessus et en-dessous de la ligne.
En filigrane, le pliant de toile possède la teneur de l'objet symbolique qu'il appartient à chacun de décrypter (ou non) au regard de son propre ressenti, de son propre vécu, avec toute la richesse qu'on peut en tirer...
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Asinus in fabula est un « récit en vers adressé à un fantôme ».
Composé comme un chant, il se découpe en quatre parties de 24 strophes, séparées en deux groupes par un intermède - un entr'acte -, une fable en italien.
C'est un manège qui tourne, tourne, et les figures défilent, passent, reviennent, disparaissent à nouveau pour ressurgir encore.
C'est une ritournelle, le chant d'un enfant qui, concentré sur son jeu, accompagne le mouvement de ses mains en s'amusant aussi avec les mots, les sons ; un thème se répète, avec d'infimes modifications qui le transforment peu à peu, comme Steve Reich le fait dans sa musique, créant un univers lénifiant et enveloppant. De temps en temps, une nouveauté, comme un trait d'humour, d'absurde, de dérision, et plus sûrement l'invention d'une expression, d'un mot, d'un son, procure un virage brusque dans le texte, dans le paysage sonore et poétique.
Usant aussi de l'artifice typographique, Guido tente de « dilater le temps de l'écriture pour que celle-ci puisse couler, luttant contre toute tentative d'effacement ».
Je ne peux résister à un parallèle pastoral d'inspiration gionesque que me souffle mon ami Guillaume Lebaudy : « Il [le troupeau ensonnaillé] agit comme une ritournelle qui, se répétant à l'infini, avec très peu de variations, crée un territoire sonore. En venant s'opposer au chaos inquiétant produit par le silence de la montagne, il est un point de son bourdonnant témoignant d'un ordre qui contraste avec le désordre extérieur ; il délimite un territoire en mouvement. » Asinus in fabula est un troupeau ensonnaillé...
À lire et relire ce texte - on pourrait dire : à l'écouter et le réécouter -, on participe à la création de cet univers d'enfant, et de nouvelles voies s'ouvrent, de nouvelles traces s'impriment dans l'imaginaire...
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Quand la vieille voisine regarde méchamment le gosse dans la cour...
Serge Bec
- La Cardere
- 17 Février 2013
- 9782914053686
Une fenêtre s'ouvre au-dessus du figuier. Un volet claque contre le mur du caveau aérien de la vieille voisine. Et ce seul bruit intempestif dans l'ordonnancement systématique du monde, fait choir une figue trop mûre qui s'écrase avec un flop de pensée avortée qui n'est peut-être pas celui de la figue trop mûre, mais bien celui du bonheur aussi vite arraché que né...
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À travers un grand intérêt pour l'histoire, et le filtre de sa propre sensibilité poétique, Damien Corbet passe en revue tous les thèmes qui interroge l'adolescent curieux qu'il est : la fraternité, l'amour, la solitude et l'impuissance, la beauté des femmes, la réflexion, la banalité, le rire, la frivolité, etc.
Il fut un temps. l'ailleurs se présente comme un carnet de route qui, grâce à des images fortes, des sons, des couleurs, des ambiances, sollicite directement « l'ailleurs » du lecteur, au sens que Marco Polo pourrait lui donner : « L'ailleurs est un miroir en négatif. Le voyageur y reconnaît le peu qui lui appartient, et découvre tout ce qu'il n'a pas eu, et n'aura pas. » (Italo Calvino, Les villes invisibles).
Une belle illustration du pouvoir d'agitation et d'expansion de notre espace onirique que possède la poésie.
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Enfin là sans fin sans repos sans rien.
Un oeuf entre deux portes.
Un oeuf et un cerf.
En suspens dans l'air collant comme du caramel...
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Fugitive est un ouvrage en vers libres qui nécessite une lecture chronologique. Comme dans les deux premiers recueils de Cathy Garcia que nous avons publiés (Le poulpe et la pulpe en 2011, Les mots allumettes en 2012), on est dans un récit abstrait, avec un axe fort, de l'action, et ici une exhortation quasi externe : je marche, je dois marcher ! En miroir, le lecteur pourrait/devrait entendre : reconstruit ton propre récit, avance ! Ce texte court tire sa force de sa cohérence essentiellement.
Le vocabulaire est riche, « brut », plutôt terrestre (pollen, étoiles, silex, transhumances, tourbe, loups, humus, rosée, glaise, vendanges, jachères, sources, rapace, moisson, rocaille, granit...) Les expressions sont souvent violentes, de l'ordre du tragique ou de la tragédie (Les bêtes désarticulées ; Visions éclatées de l'oracle ; Un corps de femme à lapider ; sinistres bouillies de chimères) ; on respire toutefois avec de rares mots tendres (la douce chair des roses ; la nacre d'un ange).
On est parfois au bord de la provocation, de l'outrance sulfureuse (La meute aime le rut ; Je suis la sorcière parfumée d'épices. Voyez les déluges rougissant entre mes seins d'ambre ; Allongée. Au bord de la jouissance ; ouvrir mes cuisses libère mes odeurs de femme). On y trouve quelques constructions originales mais parlantes (liturgies volcaniques ; je panthère avec la mort).
La situation de fuite, de traque, donne à ce recueil-récit une grande énergie où transpirent la colère, la frustration, la hargne, la révolte, mais aussi la soif de (sur)vie, l'animalité, une sorte d'optimisme quasi atteint. Nous avons avec l'écriture de Cathy Garcia, le côté féminin de celle de Serge Bec, en particulier dans Psaume dans le vent.
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À hauteur d'ombre est un recueil de poèmes en vers libres, dont les textes constituent un ensemble poétique pouvant être lu de manière non chronologique.
Une observation précise et une familiarité avec les mondes animal, végétal, minéral, musical, permet d'oser des correspondances, de dresser des ponts entre eux (chardon/bourdon ; herbe/insecte ; arpèges de soleil ; mûres/araignées ; oiseaux de colophane), et surtout de parler en termes métaphoriques de ce qui est dit (vu) et de ce qui est tu (entendu, suspecté), qui pourrait bien constituer la trame de ce recueil. Les mots acquièrent ainsi une vie naturelle : la parole se minéralise ; la voix blanche des voyelles nébuleuses ; l'écorce ouvre des parenthèses ; les paroles non dites sont comme des corbeaux ressemblant à des ossements stratifiés ; la parole envahie de bois mort se décompose dans la sourdine des sols bruns ; la nuit imprègne les mots d'une odeur de feuille mortes ; l'envol de l'apostrophe ; les mots outils rouillés ou qui tombent en poussière...
Dans la construction de chaque texte, l'auteur fonctionne beaucoup par associations de sens ou de sons, ou des deux (chardon ... épine ... araignée) (épervier ... épeire ... soie) (tortue ... tortueux ... torturés) (couleur ... couleuvre). Cela apporte une intonation psychanalytique au recueil, qui s'ajoute au sens de la formule, des images, de la métaphore, pour donner au texte une profondeur, une épaisseur toute de tranquillité. Car on est dans une observation cérébrale des choses, qu'on pourrait qualifier d'asiatique. Si agitation ou violence il y a, elle se trouvent engainée dans le calme du déroulement irrémédiable des choses de la nature : un mot dur est toujours emballé dans une expression sereine.
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La sentinelle ne dort jamais.
Redevable de tant de sommeils.
La tour maintient ainsi.
Le lien qui l'unit à ses pierres.
Au terme d'un âge qu'elle choisit.
La sentinelle ne meurt pas.
Elle prend simplement.
Possession de son dû.
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Dans les yeux du veilleur.
Il y a quelqu'un qui marche.
Qui va au-devant.
Toujours au-devant.
Du temps à vivre dans l'alerte.
Dans ce qui ne vient pas.
Ne viendra jamais.
Du temps pour douter.
Comme ces orages qu'on défroisse.
Ce retour au silence.
Au passage de la paume.
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Survivre, hanches fendues de foudre, gorge dépouillée. Je marche, froisse un fantôme. Les oiseaux du jour fondent en l'air. Je plie les genoux, ramasse mes entrailles de verre. Un peu de sel, un peu de chair. Je ramasse et enjambe l'éblouissement.
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Avale-moi, dis-je au bois. Écorce-moi, dis-je à l'homme, lentement comme un coma.
Terre et copeaux. Ma langue éboulée au creux du refuge.
Je suis morcelée. Là mon coeur, là un poumon. Là mon âme et des frontières entre chaque terrier.
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Piqûre du vivre. Miel rauque du secret. Nudité inhabitable.
Se sertir dans un jardin amer. Ciseler le semblant, en élucider les ramifications.
J'épouse le cercle de la cohérence oubliée.
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Buisson des cuisses où croassent les crapauds. Rumeur des langues qui lapent les pierres.
Bouillon noir des reins vrillés de trouille. La vie et son implacable sentence de mort.
La brume se faufile dans la fissure, embaume l'esprit de visions funestes. Ce qui transpire des murs, c'est le goût de l'ombre. Il ébouriffe et dés-habille le sang.
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Ce recueil comprend deux parties, Tolosa melhorament, long poème bilingue franco-occitan, et Vous occuperez l'été, rassemblant une soixantaine de poèmes.
Félix-Marcel Castan, le chantre aujourd'hui disparu de la culture occitane et de la décentralisation culturelle, avait reconnu en Saint-Paul un auteur dans la tradition du XVIIe siècle, ne pouvant écrire qu'à partir de sa ville, Toulouse, comme Pessoa à Lisbonne. F.-M. Castan a rédigé la préface du recueil, où le regard fraternel mais aussi sans complaisance sur une ville et sur les pérégrinations de la vie, et le regard croisé avec les autres villes, visent l'universel.
La traduction en occitan (Tolosa melhorament) a été réalisée par Olivièr Lamarque et Jean-Pierre Tardif ; les illustrations sont du peintre catalan Joan Jordà.
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Entre ses mains elle tenait mon coeur, Et mon coeur battait au creux de ses mains.
Ainsi, tous deux, par les mêmes chemins, Courions-nous vers la Rome du bonheur...
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Recherchant dans le poème la précision et la concision, comme l'élégance et la musicalité, Raphaël Mérindol exalte en la condensant une mélancolie ancrée dans l'instant. L'Arbre de vie, dédié à son jeune fils Kléber-Henri, ne dévie pas de cette ligne poétique, épurée jusqu'à une forme proche du haïku. Le recueil, comme son nom l'indique, est un éloge à un personnage que l'auteur admire - vénère ? -, l'arbre, ou plutôt les arbres dans leur diversité de caractères. Quatre peintres provençaux à la notoriété solidement établie - Pierre Cayol, Christian Jauréguy, Jean-Pierre Péransin et Le Zhang (une artiste qui partage son temps entre la cité des Papes et Pékin) - se sont prêtés au jeu de l'illustration de trois poèmes chacun, par amitié pour l'auteur.